Note
d'intention Des chambres
et des couloirs
La comédie est un genre qui se prête très bien à la subversion. Après avoir vu une comédie,
quand on quitte la salle, on s'aperçoit qu'on a emporté avec soi un sentiment, une émotion, quelque chose qui bouscule nos convictions et fait évoluer nos points de vue.
"Des chambres et des couloirs" appartient, je l'espère, à cette famille de films, qui, tout en nous faisant rire, nous parle de tolérance, et nous dit d'accepter toutes nos contradictions.
"Dorothy Berwin et Ceci Dempsey, les deux productrices du film, m'ont envoyé le scénario, que j'ai tout de suite adoré. Il est très contemporain, évite tous les clichés, s'amuse des conventions, et dit des choses importantes sur nos façons de vivre et de choisir sa vie. Il est drôle, sensible, culotté, et énergique. Et surtout, il n'a aucun préjugé. Il n'est pas réducteur, au contraire, il montre que l'identité sexuelle est un sujet important et compliqué. C'est un film qui ne fait jamais la morale à personne.
J'ai aussitôt accepté de faire le film, et de venir le tourner en Angleterre. D'ailleurs, après le succès de "Go Fish" aux Etats-Unis, j'étais ravie d'échapper à la pression...
Le fait que je sois américaine me permettait d'approcher ce film avec plus de liberté que les anglais, qui sont émotionnellement plus coincés.
J'ai travaillé avec Robert Farrar sur plusieurs versions du scénario. Comme il le disait avec humour: "j'ai planté la graine, et Rose lui a donné vie!"
Pour le casting, nous voulions créer un groupe rassemblant des visages peu connus,
la seule exception à cette règle étant pour ce couple extravagant que forment Sybil et Keith, que nous avons surnommés "Le roi et la reine New Age". Simon Callow et Harriet Walter ont apportés à ces deux rôles une subtilité, un humour, une élégance incomparables.
Hugo Weaving interprète avec beaucoup de finesse le rôle de Jeremy, un agent immobilier dont la seule préoccupation est le sexe.
Sally, que Jennifer Ehle rend lumineuse, est une jeune femme à la croisée des chemins, qui essaye d'y voir clair sur ce qu'elle désire réellement.
Tom Hollander apporte son irrésistible sens comique au rôle de Darren, un garçon extroverti pour qui l'épanouissement sexuel est une priorité.
Angie, à qui Julie Graham donne une énergie communicative, est un personnage qui n'existait pas à l'origine, et que nous avons inventé dans les dernières versions du scénario. C'est une fille libérée, qui ne demande qu'à se laisser emprisonner dans une relation durable...
Le plus difficile à choisir était l'acteur qui incarnerait Leo, un garçon qui gère sa vie prudemment, mais n'est pas bien dans sa peau pour autant. Lorsqu'il perd le contrôle des événements, il devra apprendre à faire ce qui le rend heureux, sans tenir compte des convenances, des apparences, et de l'avis de ses proches. Kevin McKidd a le charme et le talent qui font de Leo un personnage très attachant, qu'on aime quoi qu'il fasse.
Sur ce film, contrairement au précédent, j'avais un budget et une équipe, je n'étais pas en train de tout faire et de courir dans tous les sens, donc j'ai pu me concentrer sur la mise en scène. Les acteurs ont formés une vraie famille, ils ont travaillé avec beaucoup d'enthousiasme, et sans aucune prétention. Je pense que leur sincérité les rend très crédible, et fait que l'on s'identifie facilement à eux. J'espère que nous avons fait un film original, ambigu, comique et subversif."